Introduction
Ci-dessus : l’autorail 4602 du PFT sur la ligne du Bocq
Au sortir de la seconde guerre mondiale, la situation du parc des autorails de la SNCB est loin d’être optimale: la plupart des autorails lourds à caisses multiples (types 620, 652,…) sont forts endommagés ou détruits. La situation est meilleure en ce qui concerne les autorails légers (types 551, 552 et 553). Alors que pour le premier groupe l’effectif tous type confondus s’élève à 14 unités, le second groupe, lui, compte 108 unités.
Le programme d’électrification du réseau confine de plus en plus le rôle de l’autorail à l’exploitation des lignes secondaires à faible trafic si l’on excepte quelques TEE à partir de 1957, assurés en autorail (ces derniers ne sont d’ailleurs pas propriété de la SNCB). Historique
L’étude de cinq lignes secondaires typiques du réseau où la direction E évalua trois types d’autorails accouplables entre-eux, avec WC et compartiment à bagages, devait permettre de définir l’autorail idéal pour la desserte des lignes à faible trafic.
Les trois types d’autorails mis en concurrence étaient:
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L’autorail Brossel d’une capacité de 90 places et à 2 bogies;
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Un autorail de 150 places et à 2 bogies;
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Un autorail de 150 places et à 2 bogies avec surpuissance pour tracter une remorque de 80 places ou un wagon de 20 tonnes.
Au terme de l’étude, le type 3 s’avéra le plus prometteur car outre le fait d’assurer le trafic voyageur seul, en double ou avec remorque, il pouvait aussi remorquer un wagon à marchandises et permettre, par exemple, le transport urgent de biens là où ne circule qu’un train local de marchandises par jour.
Ainsi d’après l’étude, pas moins de 140 autorails simples “lourds” ainsi que 44 remorques auraient été nécessaires pour exploiter ces lignes secondaires. En fin de compte, seulement 50 autorails et une vingtaine de remorques seront commandés.
A côté des autorails “lourds”, il est également prévu d’acquérir des autorails “légers” de tourisme (les futurs 554 devenus 46 ultérieurement). Il est même prévu que ces autorails touristiques soient affectés l’hiver à d’autres lignes, notamment autour de Brugge et de Visé en vue de remplacer des trains à vapeur à faible fréquentation. C’est Brossel, qui a déjà fourni les types 551 à 553 qui sera chargé de la construction de ces autorails de tourisme. La commande initiale de 10 engins sera vite complétée par une commande supplémentaire d’un même nombre d’autorails dont 7 devraient être utilisés dans les régions d’Hasselt, Mol et Aarschot en remplacement des autorails “lourds” prévus là-bas. Pour mettre ce plan en application, il est nécessaires que les centres d’entretien pour les nouveaux autorails soient opérationnels. Si à la livraison des dix autorails du type 554 supplémentaires ce ne devait pas être le cas, un solution de rechange existait: l’ensemble de ces autorails seraient affectés à Kortrijk et mis en route sur les lignes de la région.
Comme déjà évoqué dans l’introduction, les projets d’électrification du réseau mit un frein aux possibilités de l’exploitation par autorail et plus particulièrement sur les lignes principales. De fait, l’autorail devient le type de trains réservés aux lignes secondaires peu fréquentées. C’est pourquoi la SNCB commanda en 1950 seulement 56 autorails qui se répartissent selon le tableau ci-dessous:
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20 autorails type 554 dérivé du type 553 et réputé comme modèle de transition. Ces autorails sont commandés à Ragheno-Brossel;
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20 autorails type 603 et 6 du type 602 (ces derniers sont destinés à la desserte de l’aéroport de Melsbroek) commandés aux Ateliers Métallurgiques de Nivelles;
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10 autorails type 604 commandés aux Ateliers Germains à Monceau-sur-Sambre;
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10 autorails type 605 également commandés aux Ateliers Germains à Monceau-sur-Sambre.
Comme nous l’avons déjà écrit, l’autorail type 554 est à l’origine destiné à étendre les services touristiques un peu partout dans le pays. Par rapport aux anciens types d’autorails, le nouveau venu devra être doté d’améliorations comme l’implantation d’un WC, l’augmentation de la vitesse maximale. Il est aussi prévu d’installer un système de “radiodiffusion”.
Si au départ, seuls les 10 exemplaires étaient prévus, il est vite acquis et décidé d’en commander 10 supplémentaires afin de remplacer des trains tractés à vapeur sur certaines lignes peu fréquentées comme expliqué plus haut.
C’est à l’été 1952 que les premiers exemplaires des autorails du type 554 sont mis en service. Numérotés à l’origine 554.01 à 554.20 ils ont donc été construits par Ragheno à Mechelen. Ils offrent 76 places assises en 3ème classe (plus tard 2ème classe) et 30 places debout. A noter qu’en service “touristique” la capacité de places assises est portée à 86 places par l’utilisation des 10 strapontins placés sur les plate-formes d’about des véhicules. Équipés à l’origine d’un moteur diesel à quatre temps du type 8 D 120 B de la firme Brossel à Bruxelles équipé de 8 cylindres en ligne de 120 x 155 mm. L’autorail développe à l’origine une puissance de 166 CV à 1.800 t/min. Le réservoir à gasoil d’une capacité de 240 l assure une autonomie de 550 km à l’autorail.
Ci-dessus : le poste de conduite d’un autorail série 46
Même si l’autorail du type 554 est le successeur du type 553 datant d’avant guerre, il présente néanmoins un aspect beaucoup plus moderne que ce dernier. La face avant inclinée, l’aménagement intérieur fait de sièges rembourrés au lieu de banquettes en bois, une meilleure isolation acoustique du moteur, la présence du WC sont autant de points qui contribuent à donner une image moderne de l’autorail. Seul élément repris à son prédécesseur: la vue d’un bout à l’autre du véhicule et la vue libre sur la voie par des postes de conduites isolés de la voiture par de larges baies vitrées.
Entre 1952 et 1962, les autorails furent attachés à la remise d’Haine-Saint-Pierre (11 véhicules) et Brugge (9 véhicules). Entre 1962 et 1965, tous les autorails du type 554 furent regroupés à Haine-Saint-Pierre avant qu’un lot de 9 autorails ne fut transféré à Ath en 1965. Deux autres autorails seront encore mutés d’Haine-Saint-Pierre à Ath ultérieurement. Outre ce dernier transfert, la situation n’a guère évolué au cours des vingt années qui suivirent.
En 1974, les autorails série 46, comme ils s’appellaient depuis la renumérotation du matériel roulant moteur de 1971, furent modernisés: ils reçurent une nouvelle motorisation (moteur GM 6 cylindres de 166 CV à double transmission hydromécanique Voith-Diwabus.
En juin 1984, lors de la mise en place du plan de restructuration de la SNCB, les autorails série 46 virent leurs services fortement réduits. Ainsi, restaient 10 autorails en service actif voyageurs sur les lignes 91-92 (Ath – Lessines – Geraardsbergen et Ath – Jurbise – Mons) leur offrant un dernier sursis avant la mise en service de la traction électrique sur les lignes précitées. Tous les autres furent mis en réserve inactive. Le 4620 basé à Haine-Saint-Pierre, fut encore utilisé jusqu’en 1986 pour des services internes de la SNCB. Après leur retrait du service voyageurs en 1988, les 4608 et 4609 furent utilisés encore quelques années entre Welkenraedt et Montzen pour le transport du personnel en remplacement des autorails 43 encore en service.
Aménagement intérieur d’un autorail série 46
Nombre d’autorails type 554 ont été préservés dont les 4605 et 4618 (redevenu 554.18) du PFT qui circulent régulièrement sur la ligne du Bocq pendant l’été. Le 554.18 eut aussi le privilège d’assurer les parcours touristiques sur la ligne de la Molignée, ligne touristique qui, malheureusement, ne vécut pas longtemps… Le 4602 fut vendus au BVS (Belgische Vrienden van de Stoomlocomotief) basé à Puurs, tandis que le 4610 fut, quant à lui, vendu à une association française de l’Avesnois. Le 4611 prit la direction du CFV3V à Mariembourg de même que le 4616. Le premier des autorails vendus au chemin de fer touristique des trois vallées arbore aujourd’hui une livrée fantaisiste inspirée de la livrée “crème/bleue” qu’arboraient les autorails avant guerre, livrée que les 46 n’ont jamais porté. L’ASVi, le TTZ et le MSTB ont également acquis à l’époque du déclassement de la série, un autorail du type 554. Celui du TTZ trône maintenant fièrement comme monument devant l’ancienne gare de Maredsous. Le 4603 est, quant à lui, installé comme monument à la gare de Charleroi-Sud.
Livrées
Au cours de leur carrière les autorails du type 554 ont arboré trois livrées:
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deux tons de vert avec phare simple (à l’orgine);
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Un seul ton vert foncé avec doubles phares (livrées des années 1960 qu’arbore aujourd’hui le 554.18) du PFT;
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La livrée des années 1970-1980 pour les autorails avec le bas de caisse rouge et une teinte jaune foncé autour des fenêtres.
Bibliographie
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J. Vandenberghen, Evolution de l’autorail à la SNCB, SNCB, département matériel, 1994;
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En lignes, n°1, Editions PFT, février 1990;
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G. Nève, Les autorails touristiques type 554 de la SNCB, in Rail et Traction n°33, novembre-décembre 1954, ARBAC.
Comments
December 12, 2024 18:26
@Eric_ours_polaire
C'est l'ancienne dénomination de Zaventem/Bruxelles-National, non?
December 12, 2024 21:23
@Eric_ours_polaire j'espère que ça va parler du Picasso parce que c'était les machines de mon enfance sur Brest Quimper